Si j'ai aussi longtemps
Fait des pipis au lit
C'est que j'étais sensible
Aux mondes invisibles
Oubliés par les grands
Mais que voient les enfants.
En témoignent les monstres,
En témoigne l'ami
Imaginaires ou pas
Ils ont fichu le camp
En laissant bien des traces
Sur le tapis des ans.
Car j'ai toujours eu peur
Du rêve des pipis :
Une boule de cirque
Recouverte de pics
Et dans le noir des heures
Je perdais l'équilibre.
Là j'avais beau lutter
Je devais en tomber ;
De ce songe sans règles
Mes draps payaient les frais
D'ailleurs ce fameux rêve
Je ne l'ai jamais compris.
Puis j'ai toujours eu peur
Du bourreau et sa hache
Au-dessus de la couette
Prêts à couper ma tête,
Figé dans la torpeur
De tout ce qui dépasse
Ne jamais se lever
Ne jamais regarder.
Moi qui voulais survivre
Que vouliez-vous que j'y fasse
J'avais la vessie pleine
Pour ma plus
grande peine.
S'il y avait des monstres
Ou
bien d'autres fantômes
Ils guettaient sous le lit
Que s'approche une jambe
Ne pouvant pas sortir
Ils attendaient dans l'ombre
Et je sautais au loin
Tel un kangourou couard
Car même la journée
Ils étaient dans ma chambre
Cachés derrière mon dos
Et le long du couloir.
Ce n'est que bien plus tard,
Malgré la peur présente
Que je bravais le noir
Et tout ce qui le hante
Mais il m'arrive encore
De sentir ce frisson
À l'approche du lit
Dans ma propre maison
Et je saute dessus
Dans une contraction.
Et je saute en dehors
Sans aucune sommation.
écrit du 1er au 5 juin 2014
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