Sur un arbre à épines
qui ressemble au cactus,
Poussent des fruits qui tombent en
lapsus
« Mangue de modestie » dont
les cueilleurs raffolent
« Fuite de la passion » dont
les couples s'affolent.
À deux pas de là, une maison de
compagne
On passe
devant une marre
qu'un gai son accompagne
La fleur de lapsus bleu y flottera sans
haine
Sur des feuilles sans fard, belles et
naines.
Mais qui ouït dans ce jardin
oriental
Le cri des fruits et les doux pleurs du
mal ?
Les fruits de ce verger sont tout ce
qu'Elle nous donne
Toutes leurs couleurs chutent
comme les feuilles
d'automne
Aucune
de nos saisons ne vaut pour la récolte
Et c'est en ce moment que se joue la
révolte :
Pas assez à manger, trop de pauvres
de terre
Remuent
dans leur purée un
sentiment amer.
L’hiver, des agrumes
à la peau congelée
Éclosent par millier, ils sont or
en gelée
Et c’est ceux-là qu’on fit
dans un geste précis
Devenir des desserts grâce à leurs
zestes cuits
Puis au fond du jardin, dans un abri
côté
On arrangea le tout en pots
étiquetés.
Près de ces mûrs lingots à
l'éclat vermillons
Il y a le lac béni dans sa noix de
cocon,
Lait de coquetterie, cadeau de la
nature
Que les îles ont caché sous une peau
trop dure.
Bientôt le peuple en mousse
osera cet affront
De venir se presser, monter enfin au
front
Pour en éclabousser de son pur jus
de somme
Car c’est à coup de crise
que l'on vous assomme
Celle-là
n'est ni sans noyaux ni sans pépins,
Fini l'obéissance qu'avaient les
pignes
des pins
Sur un plateau d'argent exit les
grains de
raison
Plus personne
ne veux boire ce sirop
d'oraison
Ne pas vivre à sa faim, se détruire
au labour
N’avoir pour tout repas que l'aigre
humus des jours.
Je sais pour l'avoir bu, et je vais
vous le dire
Le temps nous est venu, ce n'est plus à
prédire :
Le nectar de temps boise plus de
mille contrées
Qu'assis sur de vieux bancs ne
verrions jamais
Vaquez à d'autres airs, osez boire et
cueillir
Voguez sous d'autres ciels, faits de
poires et saphirs.
Gagnons enfin le sein de la maison des
prés
Car dans la poêle à frire de joyeux
larrons chauds
Ricanent à mourir en roulant
sur leur dos
Et touillons la marmite aux coings
acheminés.
Décembre-Janvier 2014-15
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