Zone commerciale
À la fin tu es las de ce monde moderne
Ô volumes sans âme autour vos paisibles parkings voient paître les voitures
Tu regardes le ciel car il n’y a plus rien de naturel ici bas
Ici l’antiquité n’a pas quarante ans : les voies urbaines
Ont remplacé les romaines par du bitume rayé de blanc
Parkings au sol ou aériens vides la plupart du temps
L’européen le plus moderne c’est vous monsieur Rabhi
À la pointe d’une Ardèche décroissante en autonomie
Avec vos écoles alternatives hors-système où l’on va en calèche
Seul vous serez capables de refonder les villages
À l’ancienne solidaires heureux et tu y crois toi
Pauvre consommateur de la pensée révolutionnaire
Mais les stagiaires naïfs esclaves et les esprits questionneurs en doutent
La grande surface fait sa salutation au soleil
Sans attendre l’aurore ni l’argent qui viendra de toute façon
Abreuver les caisses automatiques au paiement sans contact avec le vivant
Elle est zen pas inquiète car son avenir est tout tracé à s’étendre toujours
La respiration profonde de cette kermesse commence tôt
Le samedi matin lorsque tu fais ton yoga
Les petites vieilles les nouveaux pauvres et la masse sans nom
Se lèvent pour Danette et s’attroupent là parce qu’il faut bien remplir le frigo
Toutes les voitures se tournent alors vers les zones commerciales
Et prient avec ferveur le Diesel en redoutant le caprice des dieux Saoudiens
Et toi qui trottine vers le marché bio du centre-ville
Bercé par les rares criées et le tintements des tasses de café
Tu surprends la conversation de quelques bobos et mamies
Toi, toi qui cherche les paniers des petits producteurs locaux
Ces temples de consommation te semblent une énigme
Plus grande encore que les villas et les thermes de Vaison.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire