21 octobre 2014

Homo splenis

Celui-là est un homme, ivre mélancolique, ses nuits cependant
Sont agitées et son sommeil troublé
Alors pendant qu'il veille, observe les passants
Et crible des carnets
De notes mélodieuses et torturées ;
Ses Muses et Passions
Sont mûres et noir de jais.

Depuis il erre évanescent, et l'air ainsi transporte
Son spectre maladroitement,
Récite les beaux mots de l'envers.
Il en murmure à l'oreille des dormeurs et des dormeuses
Qui veulent bien l'entendre
Et y verse des rêves en vers ou en pleurs
Qu'il tient de ces nuits blêmes
Où a cherché lui-même
L'or des fées et le voile défait de son aimée
Il est l'orfèvre des vers de rêves
Pour un sommeil sans trêve
Mais bien chargé d'images
Au sens plus élevé.

Hommage
À l'homme de spleen.

15 octobre 2014

La petite mort quotidienne

Tous les matins s'use l'émail qui se porte à mes lèvres
Érosion enflammée par un liquide amer
Dont la surface vibre
Fort. C'est un jus de ciguë noir, le cristal entaché
Au fil des ans comme il change de teinte
Le fond de ma tasse.
Puis il y eut de la casse.
Rencontre indésirée entre deux céramiques
Vernies. Et la boisson sociale
S'inscrit dans mon moral, s'inscrit sur mon émail
C'est un poison social
Bris de cœur et bris d'âme, aie !
Au fond de mon poitrail
C'est un bout de ma dent
Qui se digère, avalé sans savoir
Hier, dans cette marée noire
J'ai vingt ans.





(et déjà plus toutes mes dents)


octobre 2014

14 octobre 2014

12 kilos par jour

Voici le poids de l'apprentissage
Sous la plume des enfants sages :

Ils croulent sous le poids le l'école,
Le poids de la culture et du savoir
Le poids des lectures du soir
Le poids des ratures de l'histoire
Larguons du lest si l'on veut qu'ils décollent !


octobre 2014

3 octobre 2014

De dissentionibus hominum

À tou.te.s les véganes du monde
Cessez donc de rager,
De cracher votre bile
Sur tous les infidèles,
Ou ceux que vous nommez
Assassins et tueurs !

À tou.te.s les écolos des villes
À tou.te.s les biofanatiques pieds nus
À tou.te.s les zélateurs de la vérité
À tou.te.s les invétérés du vélocipède
Le même message vous est adressé.

Le culte ne fait pas le dieu,
Car nous avons les mêmes mains.

Il y a de bons omnivores
Et de mauvais véganes
Loin de vouloir accuser l'un
Pour mieux défendre l'autre
J'aimerais mieux qu'ensemble
Vous œuvriez à rendre
À la terre son éclat !

Si j'ai dans ma famille
Et dans mon entourage
Un peu plus d'omnivores,
Moult végétarien.ne.s,
Écomilitantistes,
Biodynamistes de tous poils,
Et autres pescalien.ne.s,
C'est parce qu'ils ont entre eux
De nombreux points communs :

Tous portent en eux le germe
Plus ou moins développé
De visions de demain
Et l'idée au fond bien imparfaite
D'un seul monde idéal.

Ces indignés de la nature (in)humaine
Dessinent autour d'eux
L'ébauche d'un chemin
Plus naturel vers nos (r)évolutions
Pour moins de pollutionS.

Chacun d'eux œuvre pour le Grand Tout
À son échelle, à l'Unisson,
Avec les hasardeux outils
Dont on les a pourvus
(Des plus récents aux plus antiques
Rationnels ou ésotériques)

Pour qu'on n'empoisonne plus
Les beaux champs alentours
Ni l'éther entre nos paroles
Ni nos pairs et nos voisins
Ni nos congénères ahuris
Dans ce troupeau de loups.

Sans parler de l'eau qui court
Depuis la source de (la) vie
Jusqu'aux rivages doux
Où brebis que nous sommes
Attendons notre heure en silence
Pour forger la dernière alliance
Contre le règne des mauvais hommes.

Mais avant tout cela
Nous diviser par les idées
Nous entredéchirer comme des chiens
Nous haïr, nous abhorrer, nous honnir
Nous conspuer non plus,
Derrière la pugnacité pusillanime de nos écrans de foire !
Non tout cela ne sert à rien.

Se récrier et décrier ce(ux) que nous condamnons
Est un fait du passé.

Car après tant d'efforts
Pour bâtir des nations,
Soyons un peu d'accord
Et laissons aux poltrons
Les miettes de leur sort.

Car après tout cela
Nous rassembler dans l'action,
Nous enlacer comme des frères
Nous aider, nous saluer, nous aimer
Nous applaudir aussi,
Dans l'embrassement des encouragements mutuels !
Car cela, oui, tout cela est pour demain !


03/10/2014