13 avril 2015

L'arbre-rêve

L'année dernière un gland est tombé en terre
Peut-être était-ce une graine, pas bien grande,
Et depuis, l'arbre rêve :

Il fait le rêve de la vie
Lui qui n'a qu'un faîte à trente centimètres,
Il rêve d'immensité,
Il rêve à l'évasion,
Il rêve à l'enracinement,
Il en rêve avec force
D'un nouveau décor,
Il y rêve si fort
À cette peau d'écorce,
Qu'il lui pousse une forêt tout autour.

Mais il rêve aussi d'art et d'immortalité,
Il rêve à un point de départ,
À une arborescence :
« Quelle est mon essence ? »,
Se demande-t-il plein d'innocence,
À l'aube de son existence.

De l'art pour l'arbre
À l'aube d'un hectare nouveau
Voilà ce qu'il lui faut

Il ne fait plus le rêve de la vie,
Il rêve la vie et la vit
Il vit sa vie, il vit son rêve
Il vit sur la rive d'un lac de rêves
Il vaque sur le rêve d'un lit de rives,
Et une petite annonce :
« Havre de paix pour hêtre en vie »
L'arbre rêve et l'herbe râvre,
À chacun son histoire
Dans une trêve sans jaloux.

If rêve de s'appeler Fil et chêne Échine
Mais on ne refait pas le monde avec des ifs et des chaînes…
Même en Chine le bambin du bambou rêve
À une famille-forêt de bric, de brocs et de bouts
Fidèles, semblables et rassemblés.

Debout il s'enracine sans le savoir
Cependant qu'il rêvade à l'infini,
À ses heures, autant qu'il peut
À travers le monde, au temps qu'il fait
Il rêve de rêvasion, l'arbre-rêve !

L'arbre rêve et s'évade autant qu'il reste ici,
Si seulement il pouvait vous le dire
Cela ressemblerait
À un poème comme celui-ci

a r b r e r ê v e
a r b r ê v e
a r t b r e f
a r t b r
a r b r

Arbre à l'orée des forêts, arborées d'art boréal.


09/04/2015

9 avril 2015

Le cri

Entendez-vous, entendez-vous le long des routes
Ce cri lancinant que personne n'écoute ?
C'est un bruit sourd, une sorte de râle
Méphitique, ondulant, qui s'installe.
Il empoigne et resserre et les cœurs et les âmes
Prises du frisson qui de ce son émane
Entendez-vous, entendez-vous ce cri
Lancinant, que personne n'écoute ?

Le cri de l'autoroute souffle un miasme fatal,
D'acides tourments que le bitume exhale
Il s'agit d'un murmure plein d'horreurs
De la mort, l'innommable clameur.
Il s'étire en langueur angoissant et plaintif
Ce gémissement ; va-et-vient maladif.
Entendez-vous, entendez-vous ce glas
Tourmenté, que le bitume exhale ?

Mars 2015