5 décembre 2016

La légende de l'être-nuit

Légende de l’être-nuit

(suggestion musicale)

C’était un soir d’octobre quatre-vingt dix-neuf
Il était un enfant comme tous les autres
Jusqu’à sa transfiguration en être neuf.

— Au dehors,
Le carnage de la tempête écrasait les poutres
Le vent râlait, ce loup vorace,
Et l’orage rugissait, comme un rubis qu’on craque —
/   /
¯/ ¯/
C’était un soir d’octobre quatre-vingt dix-neuf
Il était un enfant comme tous les autres
Rêvant à ses héros — et amoureux d’une fille
— Comme il ne le fut plus jamais —

— Au dehors,
Le carnage de la tempête éclatait les poutres
Soudain ! — un bruit sourd — bris de verre et de coquille —
Et l’arbre qui criait — j’en ai plus rien à foutre ! »
— Avant de se jeter à terre —
/   /
¯/ ¯/
Lorsque le regard du garçon croisa — dans un hasard —
Le zèbre du tonnerre et cent ciels lézardés
— Comme des pur-sang à bout de course
Dans le firmament —
Un éclair s’abattit — avec force et fracas —
Crayonnant la nuit jusqu’à
Lui.
/   /
¯/ ¯/
Ce soir-là —
Il fut frappé d’obscurité magnétique
— d’un coup — de foudre ! —
Il luisit — invisible aux yeux de tous, sauf elle —
Elle — se nommait Électre — lui Silke
Ils devinrent Électrilkes — une seconde —
Avant de disparaitre — tu dis, pars, es — dans un clignotement —
/   /
¯/ ¯/
Ce soir-là —
Lui et la nuit ne firent plus qu’un —
Ce fut l’amour-foudre au premier flash
Les deux paratonnerres fusionnèrent
— Sans un son — en un seul être
Et son corps fut consumé — réduit
en cendres froides —
Phénix — éphémère — dans une éclipse éternelle
Désormais il serait ombre à qui plus rien ne nuit.
/   /
¯/ ¯/
Désormais il serait ombre immortelle,
— une graine de poussière — éclose dans le vide
Désormais il serait ombre immortelle
Dévoreuse des orbes de cauchemars.
/   /
¯/ ¯/
Depuis ce temps on lui prête ce caractère
Impulsif — nocturne — impérieux —
À vif — colérique — mystérieux —
De l'éclair qui jaillit, du jeune foudre qui s'exaspère
Mais aussi
Le calme apparent — la douceur enveloppante —
Le cocon de soir— l’obscure renaissance
De la suprême invitation au songe
— et à déambuler sous la lune —
Comme un voile de nuages
— Sur le navire nocturne —
/   /
¯/ ¯/
C’était un soir d’octobre quatre-vingt dix-neuf — vers minuit
Il était un enfant comme tous les autres
Jusqu’à sa transfiguration en être-nuit.
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L’infini vers ôté de l’infiniment songe.

4 décembre 2016

Toi, l'ivre, est-ce que tu m'amies ?

À force de lectures passionnées on aimerait que la vie se déroule aussi simplement que se tournent les pages du livre. Tout a l’air plus simple au personnage de roman : ses apprentissages, ses douleurs, ses amours, ses joies, sa vie et puis sa mort. Toute une gamme de notes peut être vécue simplement au moyen de la fiction.

Mais notre vie pourtant restreinte au champ des perceptions est infiniment plus complexe à déchiffrer car on ne peut embrasser autant d’altérités de la sorte, on ne peut comprendre l’intérieur des êtres chers, ni rien de cet ailleurs, hors de nous, dans l’altérité inatteignable. On ne peut même pas faire l’ellipse d’une partie de nos vies pour accéder aux moments forts, à la quintessence de l’existence. Alors il nous faut endurer tous les moments.

Enfin, à la question « où va-t-on ? » une réponse simple : au bout du livre, là où un auteur s’est chargé de nous conduire avec toute la bienveillance du conteur d’histoires. Qu’en est-il de cette question appliquée à la réalité ?

Lire est plus aisé à conjuguer que vivre. Et pourtant pour pouvoir lire il faut être en vie.

1 décembre 2016

Toujours le regard

Toujours le regard ensorcelle — aux yeux clairs —
Mais
Le jour se garde d’oser clairement changer tout sel en or.

Journée d’Orcel, le rouge art.

Ne rajouter les ors rouges de ses lèvres qu’aux étincils — si beaux yeux
De son regard en vous, tendu
Comme un fil haut (potentiellement électrique) sauf, ici.

Cello rose en dragée, tu rougis.

Drague, tel un ours lent ? je sors — si eux osent y voir clair —
Mais
Moi aussi j’essaie un peu d’étinceler au jeu sorcier de l’âme ou du hasard.

Jour sans regard, étournelle.

Toujours le regard ensorcelle — aux yeux clairs —
Mais
Le jour se garde d’oser changer pourtant d’univers, celle en or.

23 novembre 2016

Ils vécurent enfermés sur une île de sérieux

Voici un poème dans une forme assez classique, cependant, une autre version existe ici où chacun pourra recréer le sens qu’il souhaite y trouver par une lecture tout à fait personnelle et non contrainte.

Une fois la folle nuit d’amour consommée
On a mis la folie d’amour en cage
Et on te l’a confiée les yeux fermés.
Depuis, Laure, on en est rongé :

— Ô vampire satisfait qui n’a plus jamais faim !
Rond, j’ai − par un désir-paradoxe − diminué ma liberté
Mais tu n’as plus voulu sucer le sang,
De la chair en flamme !
Non plus qu’ouvert ta porte pulpe ! »

Depuis lors, les vers sont corrosifs,
L’amour amer est malade — if
you only knew how it feels inside
Et la folie d’humour humide
Avec sa folle lame en acier trempé
S’est greffée
Au verso des corps. — Pis ! on est fourni
D’une peau d’airain si dure
Qu’acérée, l’humeur noire
Nous fait de la miélancolie.
— doucement douloureuse comme un sucre mal
dissolu,
dans son assiette.
On est somnambule, hérisson sans le sourire,
la quiero a morir —
Avec au dos des écailles anti-flammes
Et des pics dressés vers le dôme au ciel
Sous des plaques en titane.

Pour toujours. Pour toujours et à jamais donc
On ne s’offrira plus le tendre os de la joue, ni l’ombre des lèvres, ni même l’ongle
de doigts entrecroisés. Exit les espoirs de caresse
On lancera des regards vides
et des paroles en l’air,
— Avec deux ailes mais sans entrain —
Que du creux comme la souche qu’on semble être. Erre !
On a bon dos d’haïr la source aigre-douce de ses désirs interdits

Sale opération : la conversion d’amour pour l’autre en amour-propre.

29 octobre 2016

Cercle vicieux ou vertueux ?

Danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K ! 
 Tu ne peux pas sortir de cette ronde K ! Dans ce cas : 
Danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, danse K, dans ce capharnaüm ! 
… … …
— Si je le peux, casser la cacophonie : 
Le tour s’arrête et le cercle se brise
Après une lettre K dans ce chez « Kaléïdoscope »

20 octobre 2016

Sale opération

Pour toujours. Pour toujours et à jamais donc
On ne s’offrira plus le tendre os de la joue,
ni l’ombre des lèvres, 
ni même l’ongle de doigts entrecroisés. 
— Exit les espoirs de caresse ! —
On lancera des regards vides
et des paroles en l’air,
Que du creux comme la souche qu’on semble être. 
— Erre ! —
On a bon dos d’haïr 
la source aigre-douce de ses désirs interdits

Sale opération : la conversion d’amour pour l’autre en amour-propre.

25 septembre 2016

Adieu !

L’amoureux terne il a subi un triste sort 
Étant indésiré Qu’il retourne au dehors
Au château là-bas loin derrière le bois qui dort !

Liberté aigre-douc’quand on ne la choisit
Est-c’que l’amour se paie d’autant de compromis ?
Ah ! que n’ai-je sur lui pas encore compris ?

La nuit noire est tombée je suis seul à présent
Évidemment chacun doit aller de l’avant
Après je fais au mieux même si par instants

La nuit cogne à mon cœur comme la fin du monde
Eh quoi ?! Que de doux pleurs à l’heure moribonde
Amers de soûls-venirs et douleurs pudibondes

Là il faut s’en aller Adieu ! Les Aie ! de mon départ
Entonnent les Adieux ! Les Ah ! me sont pétards
Atroces cris odieux sons d’adieux bâtards.

 — Poêtre Miejiriel 
d'après G. Apollinaire « Adieu ! » 





23 septembre 2016

Entr’eux temps abrégé

Entr’eux temps abrégé

Il
y avait auparavant
beaucoup plus de proxintimité.
Elle
est désormais interdite,
dérobée, derrière le paravent
de l’amitié.

L’être aimé n’est pas une illusion,
c’est une île ;
et c’est d’espérer entrer en fusion
qui est simul’acre.

L’univers fait d’unicité
naquit un jour d’excitation de la matière
et il n’a pas encore atteint
la nuit de son extinction.

Le supra-univers qui le contient
ne retiendra du sous-venu
rien qu’un millième de seconde
mais pas l’onde de choc qui vit partir un monde.

20/09/2016

14 septembre 2016

Lune ou l'autre muse

Lin brun, l'un.e brun.e, indistincts
Un soir alors que l'on rêvait, un soir
Un soir alors qu'on y croyait, un soir
Un roi alors qui n'était pas tyran,
Un roi et une reine
Un soir où minuit fut de leurs amis
Se mirent à nu, oui,
Furent diminués, destitués de leur règne.

Lin brun, l'un.e brun.e, indistincts
L'un.e a dit « les étoiles se sont couchées »,
Sans autre forme de procès
L'un.e a dit « j'ai épuisé tout le coton
Que j'avais à disposition »
L'un.e a dit « que ta nuit soit douce »,
Et l'autre fut pris d'une secousse
L'un.e a dit que trop de doux leurres,
Avaient eu raison de son cœur
L'un.e a dit que le charme de la séduction
Avait était rompu,
La magie des fines sensations
Brisée, abattue
Sur les rochers de son indifférence.
L'un.e a dit qu'en son absence
Tout était pour le mieux.
Que l'autre avait saboté ses sales chances d'être aimé.

Lin brun, l'un.e brun.e, indistincts
Alors l'un.e a tout abandonné, tout espoir de conquête
Déserté la saveur des fruits à pulpe, vidé toute sa tête
L'un.e a cautérisé son petit cœur ouvert
Et remisé son amour pour l'hiver.
Il faudra attendre la bonne saison
Avant de refaire des plantations
Il faudra se donner ou bien prendre le temps
Avant que germe à nouveau le lin blanc.
Le printemps et ses boutons de Rrose ? »

Lin brun, l'un.e brun.e, indistincts
Il y a encore du grain à moudre
Pour essorer cette tourmente absurde
« Cherche un paratonnerre moins foudre »
Mais un jour prochain cette histoire sera poudre
Que l'on jettera, serein, à grande poignée-javelot
Dans le vent des embruns, matelot !
Le chagrin voltigeur se fera voyageur !
Avant de finir en poussière
Qui poudroie dans les airs
Et puis s'éteint.
[En attendant l'âge alourdit les désirs de fructifier,
Et la jalousie, malgré tous les poèmes, persévère.]


La crêpe

Si « la terre est bleue comme une orange »
Il faut aller chercher sa bleuté de fête
Il faut toi aussi que tu la manges
Te faire ta propre idée du goût de la crêpe ! 

— Poêtre Miejiriel

1 septembre 2016

Chæîne ou Montagne jamais ne plie ?

                                                                       ¡°°˘˘°°˘
                                                                      ¡¿
                                                                     /’’’\
___________________VOLKAHN ?___/¯¯¯¯\___
˛˛˛˛˛˛˛˛˛˛˛˛˛Montagne affamée ˇˇˇˇ cesse d’attendre !!!!!
˛˛˛˛˛˛Montagne au cœur de lavœ & en fûsion hypersensible qui sommeille ˇlˇłˇlˇ
sans s’exprimer encor’ ---ps--- correctement. ……. ¿Où est ta force de cratère ?
¡Élève-toi ! ’’’’’’’ Monte ! Mont’¯¯¯hargne c’est un corps affirmé´´´´ vers le ciel
qui n’a pas p’leur de l’ombre, noire, car il n’y a rien de rien au sommet de son crâne ouvert aux vents ~ ~
les oiseaux ˇ^° de la sagesse ˇ^`´ iront d’aile en plume ˇ^° haut nid d’airbrindilles ¨0¨
Montagne c’est une || cathédrale /\ d’instincts || à la base inébranlable di basalto toute grasse’’ à l’aube de sa dépollution. Je suis Montagne ```àllacrasse de suie,°°¯°¯°° dans l’auge se réduisent des cendres de minuit. Je m’essuie de la face du monde désormais… je me lave ou je me l’avoue. Voyez cette Montagne à la croûte de terril,’,’,’, friable jusque dans ses ans − ses enrobés de surface, jusque dans ses préjugés rebelles sur tous sujets ; ils seront concassés là ´ où le noirgueil s’amoncelle et viendront se déverser dans l’eau O×°˚’ qui ruisselle. Cure de je |\/|ur’gens — CAR LÀ JE… Car je la deviens cette Montagne [[[/sans croûte\]]] à fleur de terreau – et c’est tant mieux. Monticule ridé, retagne, ridiceau de la mane, :: petit châissif :: C’est Mon tas’gne juchée d’un crâne, houle, où le piolet s’arc et s’accroche et fait fente en roche, fébrile ; l’IRM brille l’influence ouvrante de cet appel d’air fly for thund’heurt : fendre sans fracture l’esprit de pain grillé par fender finira-t-il enfin par pénétrer le son des «« en-bulles »» « qu’on ne se replie pas » ? ¡hix, sursot du bout-fondant sur sceau de lave ! Rase Montagne du crâne __ tu tombes à plat,__ en banquise __, qui s’efface au brisage du _-glisse-brasse-_ au passage de _bris—bes_ mêh! de conversations à fond de calmes tran—quille… … … \\_l’ap|port_du_mât|vire_// multiplie « l’un seul » sous sa couche de conforŧ˛une − mais ta force coton n’est rien ici,,, et déchire la prison-miroir « {Mire et ouah}!{Ris aux rimes} » sur une solitude à mille voix. Le* dé-gê÷le des paroles au flux *sang s’eng* gouffre frisquet sous la calotte d’une tête rOndƏ et ranime les ~flots~~~ de son esprĭt/˘˚


21 juillet 2016

Petit poète et Lily la tigresse

Lily dit :
« Toi qui fais des poèmes, tresse que l’on s’aime ;
Toi qui noues, lies ! Allions-nous !
— Oui, répondis-je, l’aimant, qu’on s’allie à Lyon ou ailleurs !
— Et permets qu’en ce lit nous soyons des lions rougissants. »
Je promis :
« Je lierai jour et nuit les mots-vœux qui nous tissent,
Somnambule, je tricoterai les sons-bulles,
Les nourris-sons, les mots-plumes,
Les mots d’où l’on s’érige un monde nouveau
Pour une vie nouvelle dans une nouvelle ville ;
Côte à côte, cœur à cœur, à l’unisson,
Nous serons plus qu’amoureux, nous serons amour, nous.
— Alors serrons-nous plus fort, dans les bras l’un de l’autre,
Et brillons fièrement, filaments que nous sommes,
Allumons en nos seins le joyaux, ce noyau qui est nôtre. »

D’accord et d’à-cœur, j’affirmai sans un « euh » :
« Aujourd’hui on est couple, avec toi je suis homme,
Doux rêve d’union ; et bientôt à genoux
Je renoue et renouvelle avec toi l’étincelle
Qui rallume mon ciel à toi lié.
— Mon Peter Pan, petit poète, est-ce de mon cœur la rime féminine
Que j’entends ? Qui tambourine sous ma poitrine ?
— Oui maline, imaginons − tout légers – une toile tressée
Ce pays à nous deux, de fils d’or torsadés, torses nus
Comme une ode à tes rires, au ciel et à l’air
Pour nous, rire, et nous réunir.
C’est toi, le lys joli, la sublime Lily,
La tigresse de l’or, sans aucun doute.
Rugissons : « que l’on s’aime !
Et semons plein les routes. »

Et toi là, qui nous lis, sache qu’en liant nos destins,
« Des » devient « un », « les » fait « lien »
Et s’allie en nos mains comme au creux de la noix
La somme de nous trois :
Nous sommes lin et coton et soie,
Lily, le minou, et moi. »

Poêtre Miejiriel, juillet 2016

Suggestion d’image:

 

20 juillet 2016

Sonnet Si

Dis, si je te contais l'authentique secret
Qui fait rimer « mon cœur » au rythme du bonheur
Dis, si je susurrais ce souhait très concret
D'unir nos voies, nos vies, dans la joie, de bonne heure

Dis, si je t'embrassais, jolie, avec l'ardeur
Qu'on met dans les prières, rêves et sonnets
Dis, si je chatouillais des lèvres la douceur
− Qu'unis sont aux cieux ces frissons mignonnets −

Dis, si je susurrais à ton oreille, « moi
Je veux étinceler d'être nu, avec toi ! »

Dis, si mes sentiments débordaient mes contours
Et si je te livrais sur l'oreiller, ma lueur,
Que j'ai pour tes doux yeux un frémissant amour
Immense, intense, fort, t'y fierais tu mon cœur ? 



Poêtre Miejiriel, mai 2016

15 juin 2016

Aléa de petites odes

Le ténébreux
Même tus, les « ah »
qui vibrent dans moi
chantent l’amour, eux.
Même tue,
la voix connait l’accès aux lèvres :
Les « ah » ténus dans mon cœur d’artiste chaud
où ne s’exprime pas encore
L’intime idée.

Sons
J’erre et migre, au boisé charme de l’aléa, doux secret pour fleurir, l’abri-cœur, le con-fort.

Union
J’aime l’aléa
de cette rencontre, aux « ah » hardis
que je prends contre nos cœurs de lions
sonnants la passion, n’aimant
écouter que les amours retombées en vers.
tu es ancre dans ma poitrine
où je noue l’âme-ange
dans le rayon des corp(s)-(l)ion.

Maint rêve matinal
J’ai maint bonheur providentiel et d’accord,
doux, les visages sont des sires,
et les mains nouent, serrent et désirent
ce maître si haut dans l’à-corps.

L’amour banyan
Ma poésie est celle de l’arbre
tant due au ciel par l’orgueil du tronc
qui souffle ses sons-vers, une hymne en si ténu,
− faites que sa cime ait la mine heureuse au vent −
par la tendresse des rameaux aussi, elle
s’étend sur toi comme un feuillage d’émeraude
tant due à la Terre
où je rhizome lié par la racine
et bois la claire et nette eau

Désunion
Ô être happé par la bouche du métro
je suis tant alenti de ton départ
car à mêler au temps qui passe
ivresse et douceur, vit et ce bonheur
j’en ai perdu le fil des heures.
Mes épaules à mémoire de forme
ont tapissé ma poitrine
de ta présence ocre dans mes bras terre de sienne,
et j’ai rempli mes narines
de ton diffuseur d’amour essentiel
pour mât sage.
Puis j’ai remis un peu d’ordre dans la rivière
car, le lit défait, les appétits sont féroces, les poignets sont fers roses
et les appâts sont des fées, là si on les appelle.
Mais maintenant j’erre et minaude un peu
Car les amours sont fécondes au soleil, sons faits qu’on désire,
malléables amours, sons-fées, ondes à nos oreilles.



4 juin 2016

Poème temporel 2/ Le futur

Ce poème accomplit l’éclipse de l’absence,
programme l’obsolescence de la distance ;
il fonce à toute allure, propulsé par l’élan
d’un bond dans le futur, comme dans les poitrines
où le saut périlleux de deux cœurs haletants
fait que s’opère en eux le pic d’adrénaline ;
puis dans ce triple axel, s’accélère le temps
fusant comme l’éclair-Paris-Brest pour lier
deux bouches lasses de s’aimer sans se sonder
– que ce choc-là, amer, nous les rapproche encore
qu’il tienne la promesse, enfin qu’il évapore
les secondes restant à franchir à qui s’aiment –
ce brise-distance bricolé qu’est le poème
noue, replie dans sa danse une union nouvelle.

       (en ce qu’il accomplit l’ellipse temporelle)

12 mai 2016

Poème temporel 1/ Le présent

Là surnage le visage tranquille,
du temps insaisissable − qui s'écoule −
la bouche en cœur, sertie d'eau pâle
où la Nixe nue en son bain, flottant
entourée d'agiles carpes, dit « Aime !
… Cueille le jour sur le seuil de l'instant
(sans un regard vers la rive-hier),
aux bordées lèvres émues par cette lente heure !
Caresse du sourire l'étang éphémère
des yeux amazonite de ton âme-sœur,
Cultive la politesse de ses contours,
Parsèmes-y autant de graines de beauté
et de folie qu'au cours du plus beau des séjours.
La vie, ce présent scintillant, vous est offerte »


17 avril 2016

Phénomène extra-planaire

Phénomène extra-planaire (extrait de Poésie Cosmique - en cours de rédaction)

Aurore planétaire connue de tous
les hivers mâtins
et vécue déjà par le nouveau-né
au seuil de la vie

Peu importent les pourpres mauves roses du vaisseau
et, clarté, là sur la surface interne
du globe qui croît comme nous naissons
Peu importe l’or — angélique silence lancé en l’air —
l'or en jet diffus de ton filament de cœur
aimant qui donne vie au globe de verre
Peu importe ce gris-bleu d’acier
trempé qui couvre de muages en furie
l’aube convexe, l’œil de terre
Peu importe puisqu’en haut de là, des ciels
sans nom il est un spectacle
où l’indicible secret se crée :

Si l’on s’élance hors l’atmosphère
sans bruit vers la muqueuse
confort aux confins de l’éternelle espace
Dans le bain du liquide amniostellaire
qui protège et nourrit, abdomen immense,
mille et un soleillons et planétons
On a, gîte flottant dans le silence sidéral,
l’assurance d’un em-bryon
de vie au cœur du système cocon !
ainsi que le sentiment de sérénité suprême
l'éternelle espace moelleuse sans contours
nimbée d’obscurité, n’est-ce pas ça la mère ? —

Et lorsque advient ce qui les dépasse tous
les matins terrestres paraissent pauvres en couleurs
tristes devant la naissance céleste
d'un point du jour sans égal au sein des galaxies
Voici un lever d'étoile sur Andromède
striant la toile de fond d'une eau rare
une aurore mi-lion de nuance par la crinière
mi-zèbre par le choc des stries survient
Vois, si l’éclatement subtil
de couleurs glissant sur la palette
sans horizon pour découper le regard en deux —
s'étend, attendue, d’allégresse, est telle…

Peu importe alors le fruit fendu
de la demi-aurore qui peine à sortir de terre
Elle laisse place à la robe amplitude de forme légère
taie au drap astral jurant avec la nuit
dans l'intouchable antichambre du grand bassin
Elle, l'espace, à la nuptialité rougeoyante
nudité suprême du phénomène ténu −
vacille en biseau sur son orbe.
Et toi la synapse heureuse en cosmose,
Vois, si les psaumes millénaires accomplis
de l'espace-temps se courbent d'art rose
Quand tant d'actes en ciel réunissent
tant d'arcs en jeux lactés d'empreintes
c'est coi que l'on contemple la nébuleuse-col
orée de l'utopie matricielle.

Puis lorsque l'aube fertile a installé ses satellites
et part semer ses rayons aux quatre vents spatiaux
L'éther est calmé, doux, l'on quitte à reculons l'univers cité
avec dans les globes oculaires
l'image de luth constellé de l'âme.


POÊTRE MIEJIRIEL
(mars 2016)

30 mars 2016

Cours ! ou dis « vain »

Le cristal des dents grince
Et le grognement sourd,

« Que font-ils tous au fond ? Ils ne sont pas sérieux
Pour s'être rassemblés à l'arrière de la classe. »

Le corps monte en pression
La colère grimpe au front,

« Je parie qu'en murmures ils conspirent à me nuire
J'enrage de savoir leurs desseins de grands soirs »

Tout à coup la tem-pête rugit, claque et fouette
Zèbrant l'espace d'un cri de désapprobation

« Q-QUE Q-QUOI COMMENT QU'EST-CE QUE C'EST QUE ÇA
ODIEUX DÉTRAQUEURS, QUELS SONT CES CANCRES-LÀ
VOUS ICI, VOUS OSEZ DANS UN MOMENT DE CREUX
VOUS AMUSER, VOUS MOQUER DE MON COURS ?!
VOUS ABUSEZ, VOUS QUI ÊTES ADULTES ! »

Puis le volcan se rentre, remet sa rage au ventre
Le calme revient, temporaire,
Jusqu'à quasi la fin de l'heure
Où de nouveau l'horreur s'abat sur les malfrats.
Les lèvres brûlent du ton acerbe et violent
Crachant très fort leur feu grégeois. Mieux que Satan. (Ça sent d'ailleurs l'odeur carnée de calciné)
L'air vibre alors, chargé de son tonnerre de timbre
L'orage de reproches s'effondre lourdement :

« EN COLÈRE. RIIEZ-VOUS ? J'AURAIS. PAS FINIR LE COURS.
PAR CHANCE RÉUSSI. DUR DE ME CONTRÔLER.
FUTURS EXEMPLES. À SUIVRE. PAS DIGNE D'ÊTRE. PROFS.
EN TOLÉRERIEZ VOUS LE QUART DE VOS ÉLÈVES ?! »

Les irrespectueux sacripants complotistes
Étant à priori sans autre forme de procès
En train d'ourdir une conspiration contre l'éspé
Ne demandèrent pas, car il était trop tard,
Le sacro-saint pardon. Le blasphème était tel
Qu'ils furent égorgé vifs. Privés de leur parole.

Morale en l'honneur de ces innocents morts pour riens :
Jamais, ô grand jamais, ne sera remise en question
L'inébranlable vertu, l'idéale méthode, l'éducation.

6 février 2016

Dialogue végétal 1/ Prendre Racine

« Soleil ! Comment ça pousse ?
Bien biné. Et toi ?
Moi ortie. Tu verveines toujours ce soir ?
Oui, j'te rempote à l'arrêt d'buis.
Ok, je lierre que t'es en chemin ?
Euh non… j'arroserai un peu en radis…
Bon mais 'pêche-toi, c'est pas cyprès ! »
Un peu plus tilleul :
« Bon qu'est-ce que tu feuilles ? Y a 15 minutes que j't'acacia.
Je sève, sauge en route !
Et tu hêtres où exactement ?
Pot loin, j'te liège que j'me dé-chêne !
Y en navet sérieux, t'es bocage à l'orée !
Pomme, liège, cèpe ! c'est la dernière figue que je t'if le coup.
Des mottes mon gars, c'est des mottes en l'air encore.
Allée if moi conifère un peu !
J'violette bien maïs toujours panais avec toi.
Arbre ! J'te vigne, à toute !
Haie, j't'ai vigne aussi. »
Un instant plus tilleul à l'arrêt de buis :
« Soleil ! Allée, ça vase, if pas cette laitue. Tu vas pas bouturer pour si peu ?
Pff, ça vase, ça vase, c'est toi qui le dahlia. Si j'avais pas canifé ton nom sur mon écorce je sèverai pas ici à prendre racine. En plus y cassis à goutter.
T'orage pas, j'ai pensée au saule, verveine dessous.
Mouais, mélisse. J'ai grave la datte pas toi ?
Si j'ai la datte, on y goji ? »
Ils alizées ensuite à la rose trémière :
« Bon sorgho, magnolia et mélèze, une serre pour deux ?
Oui, si fougère.
Par citron je vous prie. Je vous lys vous planter. Voilà la planche.
Mélisse beaucoup !
Je vous amarante quelque chose à pistil ? Raisin, houblon, coco ?
Non, juste un arrosoir si fougère.
Woaw ! Le menu à 15 chloro m’file l’eau à la souche ! Y a une salade de fumier chaud, et des boules de gui au froment. Et toi t’as moisi quelque roche ?
Moi j’escargote encore sur le désert. Entre la mousse au chanvre et le sorbier glacé.
Ah panais pour moi !
On n'aura qu'à potager.
Oui belle pensée ! Tu sèves que j't'amanite ma panthère.
J't'amanite ortie mon césar.
J't'amanite plus que tout ma grisette.

J't'amanite à la mort mon p'tit phalloïde. »