11 novembre 2020

Le pont Mistral (//le Pont Mirabeau)

            

                Le pont Mistral


Sous le pont Mistral coule le Rhône

                Et nos disputes

        Fallait-il que l’on s’y abandonne

La joie s’en va quand vient l’automne


            Vienne la nuit sonne l’heure d’hiver

            Les jours s’en vont vers une autre hémisphère


Les mains dans les mains contemplons ensemble

                Les tourbillons

        De l’eau et ceux que l’on engendre

Nos éternels regards soufflent les mésententes


            Vienne la nuit sonne l’heure d’hiver

            Les jours s’en vont vers une autre hémisphère


L’amour vaincra tel le fleuve emportant nos maux

                L’amour vaincra

        Comme la vie les tribunaux

Et l’on aura été l’un pour l’autre loyaux


            Vienne la nuit sonne l’heure d’hiver

            Les jours s’en vont vers une autre hémisphère


Soufflent les mistrals & soufflent les tramontanes

                Ni cicatrices

        Ni larmes la peau nous sillonnent

Sous le pont Mistral coule le Rhône


            Vienne la nuit sonne l’heure d’hiver

            Les jours s’en vont vers une autre hémisphère


L’amour a hiverné de ses douleurs,

                Tandis que là

        Le vent vole nos pleurs

Et gonfle nos lèvres d’un trait de douceur


            Vienne la nuit sonne l’heure d’hiver

            Les jours s’en vont vers une autre hémisphère



                                                                        Valence, novembre 2020

10 octobre 2020

Ce que j'aurais aimé lui dire

 

J’ai peur de croiser ton regard

Car je sais qu’il est beau 

Tes yeux, ta bouche, ta peau,

Tout m’attire chez toi et pourtant mon regard

Fuis toujours le tien.


J’ai peur de prendre ta main dans la mienne

Car je sais qu’elle est douce

Mes mains sont parcourues de secousses

Elles ont si peur des tiennes

Qu’elles fuient ton contact.


Quand je suis près de toi j’ai plaisir à sentir ta chaleur, ton parfum, ta présence

Quand je suis près de toi j’ai si peur que mon cœur qui résonne

Brise le silence qui nous sépare, trahisse la combustion au carbone

Qui fait flamber mon ventre & engourdit mes sens

Qui m’assomme, me dévore, et fait claquer mon sang, bon sang

Quand je suis près de toi j’ai les mains moites

Tellement j’ai envie que tu saches ce que je ressens

Pour toi ; au fond de ma petite boîte

Crânienne

J’aime tant la joie et la beauté que j’en ai peur des tiennes

Surtout si tu ne réponds pas à mon « je t’aime ».

12 août 2020

Les plus beaux des poèmes

Les plus beaux des poèmes sont ceux jamais écrits

Ceux que l'esprit entrevoit l'espace d'un instant

Ceux qui se laissent, au détour d'une pensée traînant,

Approcher au hasard de voyages inconscients

Ceux que l'on fait en rêve avant d'en perdre le récit

Ceux que l'on suit parfois dans le dédale de circonvolutions

Propre à chaque matrice à poésie

Ceux qui nous font l'effet d'une révolution

Avant même que notre cœur artisan

Succède à l'architecte qui en perdra les plans.


Ces poèmes non-faits,

tournés mille fois dans les méandres de l'esprit

modelés, polis, puis jetés sur le seuil de l'oubli

Ces poèmes parfaits

aux sons purs, qui ne sont qu'harmonie,

complétude, paradoxe du silence de leur mélodie,

 

On croit les composer du jour comme de nuit

On croit les posséder, tout comprendre à leurs sons

Au moindre tintement gracieux, aux résonances

On croit en maîtriser l'ensemble des nuances

On veut les capturer dans nos compositions

On se voit en orfèvre de leur alliage de sens,

De sueur, d'ornement, d'oripeau, et de science,

On se croit pousser un marteau et une forge 

On s'entend déjà les clamer à pleine gorge

 

Mais,

 

Sans notes pour les fixer, sans bouche et sans oreilles

Sans eau pour y plonger les vers rouge vermeil

Ces poèmes non-faits, ces poèmes parfaits

Échappent à nos mains, échappent à tout jamais

Et fuient en feux follets que l'audace effarouche

On ne les retient pas dans le vent qui les mouche.

 

Enfin, les vers que l'esprit cherche à recréer

Se perdent. Ils étaient marteaux et rivets, 

Ils étaient enclume et tenaille ; les paumes

Les ont laissé choir en un royaume

Dont on n'emporte rien que des regrets

Des tâches de couleurs, et des poèmes imparfaits.