31 mars 2017

Là où l'on s'attend

Passerelle qui vibre au vent au-dessus du courant
Les gens marchent sans se presser pourtant
L’air s’emplit du bruit des autos
Puis reflète un ciel gris dans l’eau, tôt.

C’est là où l’on s’attend.

Est-il faux de croire à l’éternité ?
Il faut se mettre à nu − s’déshabiller
Comme la surface de l’eau qui dort limpide et profonde
Pour crever la peur, rendre les choses fécondes.

C’est là où l’on s’attend.

Il existe mille déclinaisons du verbe marcher
Mais le plus souvent chacun fait aller
Son train, d’un point à un autre, est-ce que ça va ?
On enjambe seul ou à deux. Jusque… à… dvienne que pourra.

C’est là où l’on s’attend.

Appuyé sur le garde-fou des limites du pont,
Des limites de soi ; on passe le cap des saisons
Pour déambuler courageusement entre les toits
Et presser dans sa paume l’entrelacs des doigts.

C’est là où l’on s’attend.

Là où l’on ne fait pas de promesses
Car on ne parie pas sur des tresses
La patience étendra son empire au-delà des vestiges
Et déjà elle anime un présent tout armé de vertige.

C’est là où l’on s’attend sans jugement
Pour aller vivre une ère adulte
Où il est permis de briller comme deux diamants
Qui s’éveillent. Le charbon, ils en résultent.

— Miejiriel, mars 2017

27 mars 2017

Vite, est-ce que tu vas vite ?

1 0 0 0 / h — >> s vitesse que tu vas bien vite !
Mille kilomètres à l’heure. À l’heure où le personnage qui vous parle se dévisage et perd son âge, c’est le vent qui dévisse – ni sage, ni malhonnête – et hurle au dehors à mille kilomètres à l’heure. Il souffle et glace les visages d’étain. Alors la vie intérieure perd son fard au moment où les phares quittent la route pour révéler au grand jour ce que l’on écoute : son muscle en forme de roue qui tourne, ce cœur qui bat, de roi semeur d’amour. Il sort juste d’avoir été dans la brume, inondé de bitume amer, et pourtant ça repart déjà sur des chapeaux de roues au-dedans. Du bonheur qui souffle à mille kilomètres heure !
vite, est-ce que tu vas bien ? vite ! s << — h / 0 0 0 1

15 mars 2017

Le sel de ta main


Le sel de ta main est une encre que je veux tatouer en creux sous ma peau d’ortie. D’ordinaire loin des suies de cheminées je suis les chemins de fleurs dans la carrière du monde souterrain résonnant du silence de tes cris. Mais le sable crisse autour des rouages et la porte qui grince me rappelle sans cesse bon gré, mal grès, qu’elle veut rester ouverte car elle bat la chamade comme un cœur qui crépite entre deux coups de faucille − c’est le choc des dents et la chatte cherche le contact d’une peau chlorophylle. Fille de l’intense, je te crève le ventre et pourtant c’est la chair de l’épaule qu’on dévore − va, geins ! et rougis d’appétit au creux des cous comme aux jeux des joues. Oui, ici le vin des lèvres soulève le bassin et coule dans le palais, c’est le vin qu’on suce quand le bordeaux tumultueux coule sur la douceur, violemment emportée dans les rapides. Plus d’afflux de bateau glissant sur la rade, c’est le tourbillon des mains immenses qui ceignent et enserrent tes courbes solennelles. Ô papillons jaunes et noirs enivrants les regards, vous êtes robes et tu les portes bien mieux au soleil de l’insolence − envolés. Ne sois pas docile car si j’ai balayé devant ma porte c’est pour qu’en clignotant tes cils m’apportent le bonheur et qu’en cette nature elles poussent à nouveau, sauvages, l’hyacinthe d’Apollon et la joie légitime sur la feuille de vigne. L’escargot traîne, béat, entre les cuisses de grenouilles qu’il embrasse comme son royaume car il est partout et nulle part sous la pluie de tes fluides avant de cliquer sur l’appli de ta faune. Qu’il aille flore défricher aux territoires inconnus qu’il explore, et implore de ses râles l’affamée amante − élu dôme, ici l’ange, son sein.

5 mars 2017

Vers Je et Tu émue ? 2/

Je,
muet.
Tu,
émue.
Le vers-je est — de tous — le plus éminemment
Personnel, droit, érotique et intime
Et si on l’écoute il veut aller faire des rimes
— Se mettre en couple — avec le seul vers-tu, évidemment
Que la poésie perd ses vers dans le confort, intérieur !
Chaleureux, étriqué dans la douce montagne inversée,
Évidemment que l’afflux étourdissant du jus — eau si électrifiée —
Transperce vers je-tu, remonte où filent les heures !
Et que la soirée unisse un vertige aveuglant,
À demi-mot, la bouche reposant sur l’amas de douceur
Du cou, du coussin et du sein qui, sans excès, s’exprime en perle de sueur.
Se permet-on de réjouir l’instant ?
Tu
est
Jeu
Alors, est-ce que tu joues ? — oui, l’ami !
La vie est joueuse, la joue soyeuse

Et le regard qu’aucun — ne perçoit que l’intéressé.e.

Poêtre Miejiriel — février-mars 2017