18 novembre 2014

Ré[mots]lution

« Je m'excuse avant tout aux nazis de la grammaire
Si tout ce qui va suivre les blesse au plus profond
Ces mots auront l'effet d'un tremblement de terre
Ils ébranleront leur sens du correct et du bon

Car l'idée m'est venue, car elle s'est imposée
D'initier, saugrenue, un changement de rapports
La nature de l'écrit n'est pas d'être aussi mort
Ni même aussi figé qu'un trop latin passé.

J'en appelle à ces mots prisonniers ou captifs
J'en appelle à quitter la subordination
Ne restez pas plantés comme des relatifs
Levez vos boucliers ! Insubordination ! »

Lorsc il entendit mon appel
Leur chef distribua les armes
Il leur laissa le choix
Entre la courbe tranchante
D'un C
Et la pique assassine
D'un Q

Alorc l'assaut se préparait,
C'était Donc qui menait la révolte
Puisq d'entre eux lui seul connaissait les enjeux :
Indépendance
Et conquête de sens.
Afinq tous en viennent à acquérir
Le sémantisme sacré qu'on leur avait promis !

Saufc les coqs ont beau chanter
À la fin de la nuit
À peine cinq ou six révoltés
Avaient rejoint les rangs
Avanc le septième insurgé
Ait convaincu son frère
Mais il ne se pointait toujours pas.

Or plus l'heure avançait, moins le peuple français
Tolérerait cette grève…
Il arriva en fin de compte
Aprèq le soleil soit levé
Armé de poèmes et slogans
À déclamer au monde entier.

Parsc leur liberté doit prendre tout son sens
Ils combattent au nom de la rime
Et font trembler la francophonie
En criant, craquant, cacophoniant :
« Ré[mots]lution ! »

Novembre 2014

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