5 janvier 2015

Arbre à lapsus

Sur un arbre à épines qui ressemble au cactus,
Poussent des fruits qui tombent en lapsus
« Mangue de modestie » dont les cueilleurs raffolent
« Fuite de la passion » dont les couples s'affolent.

Image ajoutée le 11/02/2017
À deux pas de là, une maison de compagne
On passe devant une marre qu'un gai son accompagne
La fleur de lapsus bleu y flottera sans haine
Sur des feuilles sans fard, belles et naines.
Mais qui ouït dans ce jardin oriental
Le cri des fruits et les doux pleurs du mal ?

Les fruits de ce verger sont tout ce qu'Elle nous donne
Toutes leurs couleurs chutent comme les feuilles d'automne
Aucune de nos saisons ne vaut pour la récolte
Et c'est en ce moment que se joue la révolte :
Pas assez à manger, trop de pauvres de terre
Remuent dans leur purée un sentiment amer.

L’hiver, des agrumes à la peau congelée
Éclosent par millier, ils sont or en gelée
Et c’est ceux-là qu’on fit dans un geste précis
Devenir des desserts grâce à leurs zestes cuits
Puis au fond du jardin, dans un abri côté
On arrangea le tout en pots étiquetés.

Près de ces mûrs lingots à l'éclat vermillons
Il y a le lac béni dans sa noix de cocon,
Lait de coquetterie, cadeau de la nature
Que les îles ont caché sous une peau trop dure.

Bientôt le peuple en mousse osera cet affront
De venir se presser, monter enfin au front
Pour en éclabousser de son pur jus de somme
Car c’est à coup de crise que l'on vous assomme
Celle-là n'est ni sans noyaux ni sans pépins,
Fini l'obéissance qu'avaient les pignes des pins

Sur un plateau d'argent exit les grains de raison
Plus personne ne veux boire ce sirop d'oraison
Ne pas vivre à sa faim, se détruire au labour
N’avoir pour tout repas que l'aigre humus des jours.

Je sais pour l'avoir bu, et je vais vous le dire
Le temps nous est venu, ce n'est plus à prédire :
Le nectar de temps boise plus de mille contrées
Qu'assis sur de vieux bancs ne verrions jamais
Vaquez à d'autres airs, osez boire et cueillir
Voguez sous d'autres ciels, faits de poires et saphirs.

Gagnons enfin le sein de la maison des prés
Car dans la poêle à frire de joyeux larrons chauds
Ricanent à mourir en roulant sur leur dos
Et touillons la marmite aux coings acheminés.


Décembre-Janvier 2014-15




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